C’est un aîné qui faisait les prières, c’est lui qui était appelé lors d’une naissance, lui qui bénissait l’enfant et lui donnait le nom de Marie ou de Joseph. C’est toujours ainsi que cela se passait.
Autrefois les Innus avaient probablement leur religion. Ils n’étaient pas baptisés comme maintenant. Quant à la tente tremblante, elle était très puissante. C’était utilisé par les aînés seulement pour avoir des informations.
Paul-Arthur explique que les Innus utilisaient beaucoup le pouvoir de la prière dans tout ce qu'ils faisaient. Il dit qu'ils n'utilisaient pas d'autre force spirituelle autre que celle qu'ils prenaient dans la religion catholique. Les Innus étaient très croyants et les fêtes religieuses étaient très importantes pour eux.
Je n’ai jamais senti de présence à l’intérieur des terres. Il est arrivé une situation où j’ai entendu quelqu’un m’appeler, la fois où mon grand-père Mishtikushish est décédé. Je patinais, j’avais fabriqué mes patins, il faisait très beau. J’ai entendu quelqu’un prononcer mon nom : ‘Napaien’, il avait une belle voix. C’est à cette heure-là que mon grand-père est venu me voir avant de partir. De toutes les fois où je me suis promené à l’intérieur des terres, même la nuit, je n’ai jamais rien senti. C’est juste dans la communauté, une fois, que j’ai ressenti la peur.
Paul-Arthur raconte que sa mère le tirait sur un toboggan alors qu'elle était enceinte. Elle n'était pas la seule, toutes les femmes, même enceintes, travaillaient très dur. Il dit que ce n'est plus le cas aujourd'hui.
Les Innus manquaient souvent de choses. C’était très courant. Celui qui était bon chasseur avait le droit d’acheter à crédit chez les marchands à Nutashkuanit et Ekuanitshit. Il y avait aussi des magasins à l’intérieur des terres. Les Innus fabriquaient leurs vêtements. Il y avait beaucoup d’entraide. Celui qui n’avait pas pu faire ses achats était aidé par les autres qui avaient les moyens, on lui donnait de la nourriture, du tissu pour fabriquer ses vêtements.
Souvent tout ce qui était tué était partagé au reste du groupe et aussi on s’entraidait comme lorsque quelqu’un était malade. Les Innus partaient plustôt à l’intérieur des terres quand ils n’avaient plus rien à manger sur la Côte. Quand quelqu’un tuait quelque chose, il en avait suffisamment pour tout le groupe. On partageait tout.
Avant de monter dans le territoire, les Innus s’attendent les uns les autres. Ils tirent des coups de fusil pour indiquer leur présence ou leur arrivée.
Il y avait un Innu qui tenait un petit comptoir dans le territoire et il y avait des Blancs aussi. Les comptoirs n’étaient pas très grands, ni la nourriture, car il fallait tout amener en canot.
Le chien est l’un des animaux qui ressent des choses dit-on, il jappe quand il sent le gibier pour que son maître puisse le tuer. Comme dans une légende que nous racontait mon grand-père : Un loup voulait l’humain soit son maître, il voulait faire le chien, alors le chien lui dit quand tu auras faim, tu voudras le manger ton maître alors que moi, s’il meurt c’est à l’endroit même de sa mort que je vais mourir.
Autrefois, quand une femme était sur le point d’accoucher, on envoyait les enfants à l’extérieur du camp pour qu’ils ne soient pas présents lors de l’accouchement. Ben Mckenzie raconte une anecdote de son enfance lors d’un accouchement.
Il y a très longtemps, l’été n’existait pas. Il n’y avait que l’hiver. Un petit garçon se fait abandonné sur un vieux campement par ses parents, car il a des poux. Ses parents partis, il pleure sans arrêt. Il voit venir à lui un géant, il a peur. Mais celui-ci l’aide, l’épouille et l’amène avec lui à la recherche de ses parents. Un jour le grand-père part, la mère ne l’aime pas. Avant de partir, il met en garde la mère que l’enfant va pleurer lorsqu’il constatera son départ. La seule chose qui le consolerait, c’est de tirer sur les oiseaux d’été. Tout le monde part donc à la recherche des oiseaux d’été qui divertiront l’enfant. Plusieurs aventures arrivent aux chercheurs d’été. Lorsqu’enfin on retrouve les oiseaux d’été, les saisons vont changer; il y aura l’été et il y aura l’hiver. L’enfant va pouvoir lancer des flèches sur les oiseaux. Un jour on ne vit plus l’enfant, on retrouva ses vêtements et on vit un oiseau grimpé sur une branche, il était jaune et comme s’il portait un chapeau.
Un enfant est abandonné dans la forêt par ses parents parce qu’il a des poux. Atshen le prend en charge et le ramènera chez ses parents. De retour chez les parents ceux-ci ne sont pas très enchantés d’avoir un ogre dans la maison, ce qui fait partir celui-ci. Il prévient les parents que l’enfant sera triste, car il ne sera plus là. L’enfant pleure le départ précipité de son `"grand-père". On fait tout pour qu’il cesse de pleurer. Il demande à tirer sur les oiseaux d’été. Or, dans ce pays, il n’y avait que l’hiver, il faut partir à la recherche des étés. Une réunion se prépare et des animaux partent à la recherche des étés, plusieurs événements arrivent et on finit par trouver les étés. L’enfant peut donc tirer sur les oiseaux. Et un jour, il se transforme en oiseau pour ne pas décimer tous les oiseaux d’été. Cet événement a déterminé l’alternance de l’été et de l’hiver.
Il parle des animaux et de leur nombre autrefois, des animaux qui étaient proches de la mer et à l’intérieur des terres : ours, caribous et orignaux. Il y avait des caribous avant et maintenant il n’y en a plus, les caribous des bois, ils étaient bons à manger et ils étaient gras. Il parle du comportement des caribous et des orignaux lorsqu’ils sont dans la période du rut. Ils ont une forte odeur. Ce n’est pas compliqué de le chasser, on peut l’appeler en imitant son cri, on l’entend s’approcher de plus en plus et il vient vers nous. Il dit aussi que le caribou n’est pas peureux quand il est en compagnie des femelles, c’est la même chose pour l’orignal. Finalement, Il raconte aussi des histoires de chasse à l’orignal et au caribou.
Paul-Arthur dit que tous les animaux comme la truite grise, peuvent se guérir. Il dit que, selon les aînés, il existe un endroit où les animaux se rendent pour y mourir. Il parle ensuite de l'existence d'un énorme poisson qui vit dans un lac.
On explique comment les familles qui allaient partir ensemble dans les territoires choisissaient leur capitaine et quelles étaient les fonctions de celui-ci dans le groupe.
Quand les Innus montent en groupe dans le territoire, ils choisissent un des leurs pour les mener, ce sera leur capitaine. C’est lui qui dira ce qu’ils vont faire. Ce sont les Innus qui le choisissent car ils ont confiance en lui et tous vont suivre ses instructions.
À l’intérieur des terres, on apprenait beaucoup, la femme était importante. On pouvait tout faire à l’intérieur des terres : la couture, la cueillette des petits fruits, la fabrication de mocassin. Tout était utilisé, par exemple quand on fabriquait des mocassins on utilisait le muscle dorsal du caribou, on faisait sécher les filaments et cela servait de fil à coudre.
La vie et le travail de la femme enceinte dans le territoire. Quand la femme accouchait pendant le voyage, elle se levait le lendemain et continuait la route comme les autres. On ne s’arrêtait que rarement pour les femmes qui venaient d’avoir un enfant.
Je connais plus la région de la rivière Romaine, dit-il : les portages, les rivières et les lacs. Il nous donne les noms des endroits où il est allé. Il y a plusieurs noms. Là où il y a actuellement la construction des barrages, il y avait une sépulture, c’était une vielle femme dit-on. Elle avait demandé à son décès d’être enterré là, pour que tous ceux qui vont vers l’intérieur des terres puissent prier pour elle. Maintenant, ils construisent des barrages. Nous sommes allés voir ces barrages avec « celui qui fait l’électricité ». Je lui ai alors dit : « La vielle dame qui est enterrée à cet endroit n’a pas demandé à être ennoyée ». Les ossements seront ramenés vers la mer m’a-t-il dit, je lui ai fait savoir ce que je pensais de lui. Et là-bas, là où sera fait le dernier barrage dit-il, je n’aurais jamais pensé qu’il y aurait un barrage à cet endroit, nous nous promenions là, dit-il.
Autrefois, l'Innu était favorisé par la chasse, il pouvait utiliser n'importe quel arme, il rapportait toujours une prise. Dans ce temps-là, les Innus ne chassaient que ce dont ils avaient besoin. Quand ils tuaient un ou deux caribous, ils étaient contents car ils avaient assez de viande pour nourrir leur famille. De nos jours, les Innus ont tendance à tuer beaucoup plus de caribous que nécessaire. On ne vit plus comme autrefois.
À force de transporter son canot, l'Innu a une bosse qui grandit derrière son cou. C'est ce qu'on appelle la bosse de canot. Quand on explique ce phénomène aux médecins, ils sont très surpris.