C’est un aîné qui faisait les prières, c’est lui qui était appelé lors d’une naissance, lui qui bénissait l’enfant et lui donnait le nom de Marie ou de Joseph. C’est toujours ainsi que cela se passait.
Paul-Arthur explique que les Innus utilisaient beaucoup le pouvoir de la prière dans tout ce qu'ils faisaient. Il dit qu'ils n'utilisaient pas d'autre force spirituelle autre que celle qu'ils prenaient dans la religion catholique. Les Innus étaient très croyants et les fêtes religieuses étaient très importantes pour eux.
Je n’ai jamais senti de présence à l’intérieur des terres. Il est arrivé une situation où j’ai entendu quelqu’un m’appeler, la fois où mon grand-père Mishtikushish est décédé. Je patinais, j’avais fabriqué mes patins, il faisait très beau. J’ai entendu quelqu’un prononcer mon nom : ‘Napaien’, il avait une belle voix. C’est à cette heure-là que mon grand-père est venu me voir avant de partir. De toutes les fois où je me suis promené à l’intérieur des terres, même la nuit, je n’ai jamais rien senti. C’est juste dans la communauté, une fois, que j’ai ressenti la peur.
Les Innus manquaient souvent de choses. C’était très courant. Celui qui était bon chasseur avait le droit d’acheter à crédit chez les marchands à Nutashkuanit et Ekuanitshit. Il y avait aussi des magasins à l’intérieur des terres. Les Innus fabriquaient leurs vêtements. Il y avait beaucoup d’entraide. Celui qui n’avait pas pu faire ses achats était aidé par les autres qui avaient les moyens, on lui donnait de la nourriture, du tissu pour fabriquer ses vêtements.
Souvent tout ce qui était tué était partagé au reste du groupe et aussi on s’entraidait comme lorsque quelqu’un était malade. Les Innus partaient plustôt à l’intérieur des terres quand ils n’avaient plus rien à manger sur la Côte. Quand quelqu’un tuait quelque chose, il en avait suffisamment pour tout le groupe. On partageait tout.
Monsieur William Mathieu Mark donne des explications sur le rôle des légendes et de leur importance. Il dit que c’est une bonne chose, les légendes. Il y a des légendes partout chez les autochtones, ce sont les mêmes légendes mais avec certaines variantes, les autres nations autochtones ont la légende de Tshakapesh, Aiashess et Mishtapush. Les légendes étaient racontées pour que les enfants puissent apprendre, puissent connaître le mode de vie des parents.
Autrefois, quand une femme était sur le point d’accoucher, on envoyait les enfants à l’extérieur du camp pour qu’ils ne soient pas présents lors de l’accouchement. Ben Mckenzie raconte une anecdote de son enfance lors d’un accouchement.
Paul-Arthur explique comment il applique un cataplasme de gomme de sapin et dans quelle partie du corps. Il raconte comment il prélève la gomme de sapin et explique pourquoi ce remède est efficace.
On explique comment les familles qui allaient partir ensemble dans les territoires choisissaient leur capitaine et quelles étaient les fonctions de celui-ci dans le groupe.
Madame André explique comment on tanne la peau de caribou en utilisant la cervelle du caribou. Elle énumère les étapes du tannage. À la fin, la peau de caribou est très souple, aussi souple que du tissu.
À l’intérieur des terres, on apprenait beaucoup, la femme était importante. On pouvait tout faire à l’intérieur des terres : la couture, la cueillette des petits fruits, la fabrication de mocassin. Tout était utilisé, par exemple quand on fabriquait des mocassins on utilisait le muscle dorsal du caribou, on faisait sécher les filaments et cela servait de fil à coudre.
Je connais plus la région de la rivière Romaine, dit-il : les portages, les rivières et les lacs. Il nous donne les noms des endroits où il est allé. Il y a plusieurs noms. Là où il y a actuellement la construction des barrages, il y avait une sépulture, c’était une vielle femme dit-on. Elle avait demandé à son décès d’être enterré là, pour que tous ceux qui vont vers l’intérieur des terres puissent prier pour elle. Maintenant, ils construisent des barrages. Nous sommes allés voir ces barrages avec « celui qui fait l’électricité ». Je lui ai alors dit : « La vielle dame qui est enterrée à cet endroit n’a pas demandé à être ennoyée ». Les ossements seront ramenés vers la mer m’a-t-il dit, je lui ai fait savoir ce que je pensais de lui. Et là-bas, là où sera fait le dernier barrage dit-il, je n’aurais jamais pensé qu’il y aurait un barrage à cet endroit, nous nous promenions là, dit-il.
Ben Mckenzie énumère les noms des portages sur la rivière Moisie à partir de Labrador City en descendant vers la côte en expliquant l’origine de ces noms. Il indique aussi quelle sorte de poisson se trouve dans tel cours d’eau.
À force de transporter son canot, l'Innu a une bosse qui grandit derrière son cou. C'est ce qu'on appelle la bosse de canot. Quand on explique ce phénomène aux médecins, ils sont très surpris.
Paul-Arthur montre l'instrument que l'Innu utilisait pour voir au loin. Une simple tige en bois qui n'est même pas trouée au centre. Avec cet instrument, l'Innu pouvait repérer les animaux au loin. Aujourd'hui, les Innus ne s'en servent plus, ils achètent des longue-vues qui coûtent très cher.
J’ai un de mes petits-enfants qui ne parle que le français. Moi, ma grand-mère ne me parlait qu’innu. Dans le temps, nous ne voyions pas de gens qui parlaient le français. Nous écoutions beaucoup ce que notre grand-mère disait.
Les jeunes sont très contents d’apprendre la culture. Ils sont à l’écoute quand on leur explique comment nettoyer le gibier. On leur enseigne comment ils vont chasser, il faut faire attention à la façon de faire les choses. Il faut très attention au chasseur, à comment seront ses habits de chasse. C’est tellement différent de nos jours.
Je fais des médicaments quand j’ai les plantes qu’il faut. Maintenant que je suis âgée, je ne peux plus faire autant. Il faudrait que les enfants puissent apprendre. Ils ne connaissent rien, ce serait une bonne chose de leur enseigner. Il faudrait que les plus jeunes apprennent comment aider à l’accouchement, plusieurs aînées avaient cette compétence, il aurait fallu transmettre ces connaissances.
L’éducation des enfants est différente maintenant, on ne leur enseigne plus rien : de ne pas manquer de respect, de ne pas frapper quelqu’un, alors qu’avant on écoutait beaucoup nos parents nous dire ce que nous devions faire.
Une femme qui était enceinte devait suivre lorsque le groupe se déplaçait à l’intérieur. On arrêtait que pour lui permettre d’accoucher et ensuite le lendemain la marche reprenait. Ici, c’est l’histoire de la naissance de Monsieur Marcel Jourdain qui est relaté. C’est arrivé à une période de disette. La mère devait donc se nourrir avec le peu de nourriture qu’il y avait pour qu’elle puisse par la suite nourrir son petit. Telle était la vie à l’intérieur des terres.
On faisait attention à ce qui était chassé. Comme par exemple, on ne devait pas mettre les raquettes à l’intérieur de la tente. C’était vraiment bien les activités qui se faisaient avant, quand on était dans le bois. La nourriture était bonne et maintenant, ce n’est plus pareil, c’est tellement différent. Je regrette parfois ce que c’est devenu, ce qu’on nous fait, c’était tellement beau avant.
Paul-Arthur explique que la peau de caribou peut servir à différents usages : vêtements, tambour, mocassins. Il dit que les Innus travaillent de moins en moins les peaux et les bois de caribou. Les Innus ont changé beaucoup de choses, autant dans les rituels que dans le travail sur la peau de caribou.
Ben Mckenzie raconte l’histoire d’une vieille femme qui a été tuée par ses enfants près d’une rivière qui porte désormais son nom. Il explique aussi l’origine du nom du portage Kakatshat.