On pourrait apprendre aux enfants la langue innue et la culture, surtout à la pratiquer, comme fait un jeune qui travaille avec un aîné. On pourrait leur apprendre à nettoyer la peau de caribou. Ils pourraient ainsi faire des mocassins. On en faisait en caribou et en loup-marin.
Il y a plusieurs portages à l’intérieur des terres. Quand on faisait des voyages vers Nashkuaikan sur la rivière Romaine. Tous les portages ont des noms liés à la géographie. Actuellement, ce n’est plus pareil comme c’était autrefois à cause des travaux de barrages qui sont en construction.
Plusieurs plantes peuvent aider à soigner plusieurs maladies. On fait des tisanes ou des cataplasmes. Mes connaissances des plantes médicinales me viennent des aînées que j’accompagnais lorsqu’elles faisaient les cueillettes. C’est elles qui m’ont initié pour préparer et faire les médicaments.
Après leur mariage, ils sont partis à l’intérieur des terres. C’est là que son beau-père, Sylvestre Mollen, se blesse ; il se casse la jambe. C’est son mari et sa belle-mère qui le soignent, qui s’occupent de sa blessure. Il faut aussi le ramener à la côte. Lorsqu’il voit le médecin, celui constate très impressionné, que la façon que cela a été traité a aidé à la guérison. Les os se sont soudés ensembles avec les attelles en bois. On voit le savoir des anciens et leurs compétences.
Elle raconte une autre histoire où on montait à l’intérieur des terres avec son mari et d’autres Innus. Ils allaient passer l’hiver à Nashkuaikan. Durant le voyage pour aller au campement d’automne, ils pêchaient le saumon, tuaient un ours, des caribous, des porc épics et des perdrix blanches pour se nourrir. C’est vrai qu’il y a plusieurs activités à faire quand on est à l’intérieur des terres : on chasse, on fait la pêche au harpon. Pendant leur séjour d’automne, ils faisaient aussi de la chasse.
Alors que c’est la chasse d’automne, un ours est tué et on fait de la graisse d’ours. On tue aussi un porc épic et il y aura de quoi manger. Noël approche. La nuit, il y a des prières et des chants. On a pisté plusieurs caribous, il semble en avoir plusieurs. Mais ce n’était que deux caribous qui étaient pris ensemble par les cornes. C’était le bon temps, être dans le territoire. Au printemps, c’est le retour vers la communauté.
C’est arrivé lors du retour vers la communauté, c’est à ce moment-là qu’est né Simon. C’est Madame Philomène Bernard qui l’a accouché et c’est elle qui lui a donné son prénom. Avant, lorsqu’une femme attendait un bébé, elle marchait jusqu’à son accouchement.
On faisait la chasse du printemps avant. On allait aux castors. C’était au mois d’avril qu’on revenait vers la communauté. Une fois, raconte Hélène, on dormait à la belle étoile, proche de Nashkuaikan. Les enfants aimeraient aussi faire la chasse au printemps.
C’est le père de famille qui choisissait de marier ses enfants avant. L’homme qu’on lui a fait épouser était déjà marié. Son mari était malade et c’est à l’intérieur des terres qu’il est décédé. Ils ont eu quatre enfants. Deux ans après le décès de son mari, elle se remarie avec Raphaël Wapistan, lorsqu’elle a 36 ans. Il a accepté ses enfants qui étaient de son premier mariage comme si c'était les siens, elle a eu quatre autres enfants avec son deuxième mari.
Les Innus manquaient souvent de choses. C’était très courant. Celui qui était bon chasseur avait le droit d’acheter à crédit chez les marchands à Nutashkuanit et Ekuanitshit. Il y avait aussi des magasins à l’intérieur des terres. Les Innus fabriquaient leurs vêtements. Il y avait beaucoup d’entraide. Celui qui n’avait pas pu faire ses achats était aidé par les autres qui avaient les moyens, on lui donnait de la nourriture, du tissu pour fabriquer ses vêtements.
On faisait attention à ce qui était chassé. Comme par exemple, on ne devait pas mettre les raquettes à l’intérieur de la tente. C’était vraiment bien les activités qui se faisaient avant, quand on était dans le bois. La nourriture était bonne et maintenant, ce n’est plus pareil, c’est tellement différent. Je regrette parfois ce que c’est devenu, ce qu’on nous fait, c’était tellement beau avant.
Je m’appelle Raphaël Mollen, j’ai 80 ans. J’ai été marié et j’ai eu 5 enfants et j’ai des petits-enfants. Je ne sais pas quelles sont mes origines, les Mollen. Je sais que mon père et mon oncle Antoine arrivaient de Pakut-shipu et de Unaman-shipu. Je ne sais pas d’où venait mon grand-père Jos Mullen, un Anglais, peut-être de Tshishe-shatshit ou de Terre-Neuve. Mon père se nommait Sylvestre, quant à ma mère Marguerite, elle venait de Mingan. Je suis né au Lac Manitou proche de Mingan. J’avais 12 frères et sœurs.
Nous allions souvent à l’intérieur des terres, c’est seulement après mon mariage que je suis resté proche de Mingan. J’allais à l’intérieur des terres avec mon père, mon grand-père Mishtikushish et mon grand-père Tamienish. Nous chassions le castor et le caribou. Lorsque les lacs et rivières commençaient à dégeler, nous retournions vers la côte. Une fois, au retour, nous avons ainsi croisé notre grand-père Nolin et Joseph, nous avons mangé avec eux : de la viande de caribou, de la viande séchée et de la graisse de caribou. Nous avons par la suite repris le chemin du retour.
On devait travailler très fort tout le temps, tout le monde travaillait fort. Et moi, maintenant cela fait presque sept ans que je ne peux plus rien faire, rester assis, manger, seulement cela. Avant quand j’étais à l’intérieur des terres, ce n’était pas ainsi, je me promenais beaucoup dans le territoire, j’allais très loin. Il faisait nuit noire quand je rentrais parfois. Et je n’ai jamais senti la présence de quelqu’un. Une fois, je suis tombé en bas d’une falaise parce qu’il faisait très noir, j’étais avec mon frère aîné Michel, on rentrait chacun à son campement. On ne voyait rien tellement, il fait noir.
Je ne me suis pas rendu jusqu’à Tshishe-shatshit mais je n’étais pas loin de là. Il y avait un magasin de Mishta-Napeu proche de là, on allait y chercher de la nourriture, c’est de là que nous avons rebroussé chemin. Tous les portages qu’il y a proche de Mingan, je les ai tous fait à pied.
Elle n’a jamais vu faire la tente tremblante, mais son premier mari Pierre l’a vu lui. On n’utilisait que la peau de caribou pour envelopper la tente tremblante. Maintenant, il n’y a plus que les joueurs de tambour.
J’ai un de mes petits-enfants qui ne parle que le français. Moi, ma grand-mère ne me parlait qu’innu. Dans le temps, nous ne voyions pas de gens qui parlaient le français. Nous écoutions beaucoup ce que notre grand-mère disait.
C’est un aîné qui faisait les prières, c’est lui qui était appelé lors d’une naissance, lui qui bénissait l’enfant et lui donnait le nom de Marie ou de Joseph. C’est toujours ainsi que cela se passait.
Il y avait souvent un aîné dans le groupe qui guidait et qui était d’une aide précieuse au campement, il faisait la chasse. Mon grand-père tuait le lièvre avec un piège. La peau de lièvre nous servait pour nous couvrir lorsque nous avions froid. Pour sa part, ma grand-mère nous cousait nos habits.
Il faut dire aux jeunes les choses importantes qu’ils doivent savoir s’il se passe quelque chose : famine, maladie. On ébranchait des arbres qu’on plantait par la suite d’une certaine manière, c’était des signes qui étaient laissés, des messages pour qu’on sache ce qui se passait, ce qu’ils avaient.
L’éducation des enfants est différente maintenant, on ne leur enseigne plus rien : de ne pas manquer de respect, de ne pas frapper quelqu’un, alors qu’avant on écoutait beaucoup nos parents nous dire ce que nous devions faire.
C’est après le décès de ses grands-parents qu’elle retourne à Nutashkuan. Elle a traversé plusieurs épreuves difficiles dont la perte d’un bébé. Elle dit avoir rencontré l’ennui, la peine mais qu’avec l’aide de ses proches, elle a passé à travers.
C’est le père et la mère qui s’occupaient de marier leurs enfants. Le prêtre était là qu’une fois par année là-bas à Musquaro. Maintenant, ce n’est plus pareil, cela n’a plus la même importance. Il arrive que des personnes soient des parents proches et forment un couple. Il y a un prêtre mais de moins en moins de gens prient.
Nous étions partis dans le bois avec ma grand-mère Nenikutesh. Nous n’avions rien à manger, nous souffrions de la faim. Les enfants qui étaient là dans ce temps-là sont presque tous décédés maintenant. Puis, plusieurs caribous sont tués, une centaine. Nous avons beaucoup de nourriture, car nous étions sept tentes. Nous retournions tranquillement vers la mer. J’aimais beaucoup ma vie dans le bois, tout ce que nous faisions dans le temps.