Je ne me suis pas rendu jusqu’à Tshishe-shatshit mais je n’étais pas loin de là. Il y avait un magasin de Mishta-Napeu proche de là, on allait y chercher de la nourriture, c’est de là que nous avons rebroussé chemin. Tous les portages qu’il y a proche de Mingan, je les ai tous fait à pied.
Ben Mckenzie parle de la famine qu’ils ont connue en décembre 1941. Il n’y avait pas de perdrix, de lièvre et le poisson ne mordait pas. Ce Noël-là comme repas, il n’y avait qu’une perdrix à partager pour une vingtaine de personnes. Il parle de ce que les Innus faisaient au cours de la nuit de Noël et raconte qu’on choisissait dès l’automne l’endroit où on allait fêter Noël ensemble.
La nourriture traditionnelle, la langue innue, la culture innue, ce sont les choses importantes à mettre de l'avant qu'il faut transmettre aux jeunes pour développer son identité.
C’est le père de famille qui choisissait de marier ses enfants avant. L’homme qu’on lui a fait épouser était déjà marié. Son mari était malade et c’est à l’intérieur des terres qu’il est décédé. Ils ont eu quatre enfants. Deux ans après le décès de son mari, elle se remarie avec Raphaël Wapistan, lorsqu’elle a 36 ans. Il a accepté ses enfants qui étaient de son premier mariage comme si c'était les siens, elle a eu quatre autres enfants avec son deuxième mari.
J'ai été aidé pour me sortir de mes problèmes d'alcool, je ne pouvais pas le faire seul. La prière m'a beaucoup aidé à passer à travers ces difficultés.
Il faut parler à ses enfants pour qu’ils comprennent le bon sens. Même si nous aimons très fort nos enfants, il faut leur interdire surtout quand ils ne font pas le bien. C’est l’alcool et la drogue qui ne sont pas bons. On faisait attention aux enfants dans le temps, il fallait que les enfants aient assez à manger. Il y avait de l’entraide quand des familles vivaient des difficultés. C'était ainsi que cela se passait dans le temps.
Ben Mckenzie énumère les différents portages à partir du lac Michinappi en allant vers le nord. Il explique les noms et les caractéristiques de certains portages et lacs dont le lac Ashuanipi. Il raconte des anecdotes sur certains portages.
Paul-Arthur explique comment les Innus pouvaient prendre des forces en se nourissant avec une patte de perdrix quand ils se perdaient en forêt. La graisse de perdrix est très nourissante.
C’est arrivé lors du retour vers la communauté, c’est à ce moment-là qu’est né Simon. C’est Madame Philomène Bernard qui l’a accouché et c’est elle qui lui a donné son prénom. Avant, lorsqu’une femme attendait un bébé, elle marchait jusqu’à son accouchement.
La façon de vivre de l'Innu change. Les valeurs, comme l'entraide, auxquelles il tenait ne sont presque plus présentes aujourd'hui. C'est l'argent qui nous détruit.
Tshakapesh est maintenant sur la lune mais avant cela, il était sur terre et il chassait comme tous les Innus. Sa sœur lui interdit de parler à des étrangers mais il le fait, il n’écoute pas. Il rencontre plusieurs groupes de personnes. Il part ensuite à la recherche de Katshituashku, un ours polaire, celui-là même qui a tué ses parents. Dès que sa mission est terminé, il prend au collet la lune. À l’avenir, il fera toujours jour et nuit. Il quitte ensuite la terre et ira rester sur la lune avec pour mission de veiller sur les Innus.
On faisait attention à tout, on ramassait tout et tout avait son utilité. Comme le un sac en peau de patte de caribou ou d'orignal, ma grand-mère y mettait de la graisse dedans, au cas où quelqu’un souffrirait de famine. Les jeunes garçons et les jeunes filles apprenaient très tôt à s’occuper et à nettoyer les animaux. On leur apprenait très vite à faire attention à ce qu’ils faisaient, à ne pas se brûler par exemple. On pourrait leur apprendre et leur montrer plusieurs autres choses comme quand une femme est enceinte et qu’elle allaite. Il faut apprendre aux jeunes à faire attention, la sécurité quand ils vont à l’intérieur des terres. A-t-on perdu cette façon de vivre? Je le regrette.
Les croyances d’autrefois, ce qu’il fallait surveiller dans nos agissements à l’intérieur des terres. Par exemple, on ne peut pas regarder qui arrive quand on est dans la tente, il pourrait nous lancer des projectiles, autre chose, on ne doit jamais mettre nos raquettes à l’intérieur de la tente. Il faudrait parler de cela aux jeunes. Pour les chasseurs, il doit faire attention à sa capacité de chasser, il ne doit pas se vanter, il pourrait ne plus voir les indices pour trouver l’animal à chasser. C’est celui qui est le maître qui fait cela, Papakassikw qui est le caribou. Missinakw, c’est le maître des poissons. Celui qui est le maître, c’est lui qui surveille tout.
Je laisserais tout aux jeunes et aux enfants, je ne suis pas avare de mes richesses. Je n’ai jamais eu que l’éducation que ma grand-mère me donnait. J’aimerais que les enfants conservent les activités que faisaient leur grand-mère et leur grand-père. Autrefois, les enfants avaient tous des enseignements et la femme travaillait comme un homme. Maintenant, on devrait aussi apprendre aux filles à lacer des raquettes, faire des mocassins et à veiller sur leurs enfants. C’est depuis qu’on vit sur la communauté que les enfants sont différents que l’on vit différemment.
On devrait pouvoir apprendre plusieurs choses aux jeunes, c’est ce qu’on faisait dans le temps, comment ils allaient travailler à l’intérieur de terre, dans sa maison, comment utiliser les objets comme le canot (les voyages), la température, etc. Ils doivent toujours avoir la prière. Les garçons devraient apprendre à faire des raquettes, des canots, des rames, des tobaganes. Et les filles devraient apprendre à lacer les raquettes, à faire à manger, à changer le sapinage dans la tente. Autrefois, on lui parlait de tout, de la façon de travailler. Ce qui est le plus à respecter, c’est le caribou : comment apprêter la peau, le fœtus. On faisait attention à tout, on respectait tout.
Il faudrait se dévouer pour notre enfant, surtout quand il va à l’école pour qu’il s’engage à fond dans ses études. Si on ne s’en soucie pas, il ne va pas trouver important de réussir ses études. Il faut qu’il ait toujours à manger pour qu’il sache qu’on le trouve important. Plusieurs aînés m’ont dit de toujours prendre bien soin de mes enfants, de les surveiller, pourtant ce sont des étrangers.
Paul-Arthur raconte qu’autrefois, les Innus étaient très affectueux et protecteurs envers tous les enfants. Ils aidaient et protégeaient les enfants sans faire de distinction.
Je souhaite vraiment qu’on puisse parler aux jeunes de ce qu’il y a à faire à l’intérieur des terres : la façon de travailler, les habits qu’ils avaient. Il faut montrer tout ce qu’il faut aux jeunes : sur la façon d’arranger les animaux. Il n’y a plus personne pour faire des formations.
Jos Dominique parle de la vie dans la réserve d’Uashat autrefois. L’entrée de la réserve était interdite aux Blancs. Seuls quelques non autochtones avaient le droit d’y entrer.