Je connais plus la région de la rivière Romaine, dit-il : les portages, les rivières et les lacs. Il nous donne les noms des endroits où il est allé. Il y a plusieurs noms. Là où il y a actuellement la construction des barrages, il y avait une sépulture, c’était une vielle femme dit-on. Elle avait demandé à son décès d’être enterré là, pour que tous ceux qui vont vers l’intérieur des terres puissent prier pour elle. Maintenant, ils construisent des barrages. Nous sommes allés voir ces barrages avec « celui qui fait l’électricité ». Je lui ai alors dit : « La vielle dame qui est enterrée à cet endroit n’a pas demandé à être ennoyée ». Les ossements seront ramenés vers la mer m’a-t-il dit, je lui ai fait savoir ce que je pensais de lui. Et là-bas, là où sera fait le dernier barrage dit-il, je n’aurais jamais pensé qu’il y aurait un barrage à cet endroit, nous nous promenions là, dit-il.
Ben Mckenzie énumère les noms des portages sur la rivière Moisie à partir de Labrador City en descendant vers la côte en expliquant l’origine de ces noms. Il indique aussi quelle sorte de poisson se trouve dans tel cours d’eau.
Elle parle des arpenteurs qu’ils rencontraient quelquefois en forêt. Ils étaient très appréciés, car ils laissaient toutes leurs provisions sur place quand ils repartaient en forêt. Marie raconte une anecdote où ils avaient trouvé des provisions laissées par les arpenteurs.
À la fin de l’été, après les mariages et les cérémonies, on retournait à l’intérieur des terres. C’est à ce moment-là que la maladie frappe et qu’un décès survient. Pendant la veillée funèbre, un caribou est tué, on s’occupe de nettoyer, le découper et de le faire cuire. Tout le monde mange à sa faim, même les enfants. Tout était mangé. Après la cérémonie, on retourne chercher ce que nous avions laissé dans un autre lieu. C’est ainsi que vivaient les Innus.
C’est quand on partait de Ekuanitshit autrefois quand on allait à l’intérieur des terres, nous remontions la rivière Saint-Jean. Là où il y a le pont. Qui aurait un jour pensé qu’il y aurait un chemin à cet endroit, qu’il puisse y avoir des voitures qui passent par là. Il y avait beaucoup de portage, des portages très long à parcourir et certain qui sont plus courts. On transportait les choses en plusieurs voyages, on les transportait sur le dos avant d’arriver à destination, en sortant du bois en partageant le canot. Et toute la fatigue ressentie, même si la personne était malade il fallait quand même voyager. Et aujourd’hui personne ne bouge quand il a quelque chose, quand il est malade, alors qu’autrefois c’était différent.
C’est à cet endroit que se réunissaient les Innus pour des célébrations religieuses annuellement, des mariages et pour recevoir des sacrements religieux. C’est à cet endroit qu’est décédé le grand-père du mari de madame Mollen. Cet homme qui avait aidé à construire l’église, une semblable à celle actuellement à Ekuanitshit. Après la période estivale terminée, les Innus se préparaient à repartir vers l’intérieur des terres. À l’approche de l’automne, tous étaient partis vers les territoires.
Oui, il y avait des Innus qui se rencontraient, qui se visitaient : les Innus de Tshishe-Shatshit, de Uashat… C’est à Musquaro que se rencontraient les Innus. Il y avait une église qui ressemblait à notre église. C’est John Maloney qui l'avait construite et c’est mon grand-père Jos Mollen qui l'avait aidé. Ils ont défait tout l’église pour la ramener et la reconstruire sur leur territoire, ils l’ont finalement juste démonté sans jamais pouvoir la reconstruire. Il y avait aussi un cimetière. Le marchand de Musquaro aurait entretenu l’église et le cimetière, il devait être riche de toute évidence, ce marchand. Il y a plusieurs Innus qui sont enterrés dans ce cimetière dont mon grand-père Jos Mollen.
Au moment de revenir des territoires, plusieurs enfants sont nés. Autrefois, on racontait aux enfants que les bébés étaient retrouvés à l’intérieur d’une souche de bois. À la naissance, les enfants sont bénis par les sages-femmes avant qu’ils ne soient baptisés. Et puis c’était déjà le retour vers la côte.
Ben Mckenzie énumère les noms des différents portages et indique l’emplacement des territoires des familles innues allant du portage du lac Ashuanipi jusqu’au territoire actuel de Kauauatshikamat près de Schefferville. Le territoire de chasse de sa famille s’étendait du lac Mehinek jusqu’au portage du lac Wakuach.
Madame Mckenzie raconte qu’une fois dans le territoire, elle a eu peur de rencontrer des êtres furtifs des bois car on avait déjà signalé leur présence à l’endroit où sa famille campait.
Je ne me suis pas rendu jusqu’à Tshishe-shatshit mais je n’étais pas loin de là. Il y avait un magasin de Mishta-Napeu proche de là, on allait y chercher de la nourriture, c’est de là que nous avons rebroussé chemin. Tous les portages qu’il y a proche de Mingan, je les ai tous fait à pied.
Il y a plusieurs portages à l’intérieur des terres. Quand on faisait des voyages vers Nashkuaikan sur la rivière Romaine. Tous les portages ont des noms liés à la géographie. Actuellement, ce n’est plus pareil comme c’était autrefois à cause des travaux de barrages qui sont en construction.
Ben Mckenzie énumère les différents portages à partir du lac Michinappi en allant vers le nord. Il explique les noms et les caractéristiques de certains portages et lacs dont le lac Ashuanipi. Il raconte des anecdotes sur certains portages.
Ben Mckenzie raconte un voyage qu’il a fait avec son père. Ils sont partis de Schefferville et sont allés à Fort-Chimo. Il parle de différents endroits et indique leur nom en innu et en français.