Kuekuatsheu rend visite aux loups. Ceux-ci l’invitent à un festin de graisse de caribou mais lui demandent de se couvrir la tête pendant qu’on broie les os de caribou. Il n’écoute pas.
Elle n’a jamais vu faire la tente tremblante, mais son premier mari Pierre l’a vu lui. On n’utilisait que la peau de caribou pour envelopper la tente tremblante. Maintenant, il n’y a plus que les joueurs de tambour.
Un médecin est très étonné de trouver des pierres dans les intestins de ma mère après une opération. On lui explique que c'est parce qu'elle a mangé des perdrix qui avaient des pierres. Il pensait qu'elle avait evu un accident de chasse. De nos jours, les médecins sont plus au courant de ces choses-là.
Elle raconte une autre histoire où on montait à l’intérieur des terres avec son mari et d’autres Innus. Ils allaient passer l’hiver à Nashkuaikan. Durant le voyage pour aller au campement d’automne, ils pêchaient le saumon, tuaient un ours, des caribous, des porc épics et des perdrix blanches pour se nourrir. C’est vrai qu’il y a plusieurs activités à faire quand on est à l’intérieur des terres : on chasse, on fait la pêche au harpon. Pendant leur séjour d’automne, ils faisaient aussi de la chasse.
Alors que c’est la chasse d’automne, un ours est tué et on fait de la graisse d’ours. On tue aussi un porc épic et il y aura de quoi manger. Noël approche. La nuit, il y a des prières et des chants. On a pisté plusieurs caribous, il semble en avoir plusieurs. Mais ce n’était que deux caribous qui étaient pris ensemble par les cornes. C’était le bon temps, être dans le territoire. Au printemps, c’est le retour vers la communauté.
C’est à cet endroit que se réunissaient les Innus pour des célébrations religieuses annuellement, des mariages et pour recevoir des sacrements religieux. C’est à cet endroit qu’est décédé le grand-père du mari de madame Mollen. Cet homme qui avait aidé à construire l’église, une semblable à celle actuellement à Ekuanitshit. Après la période estivale terminée, les Innus se préparaient à repartir vers l’intérieur des terres. À l’approche de l’automne, tous étaient partis vers les territoires.
Oui, il y avait des Innus qui se rencontraient, qui se visitaient : les Innus de Tshishe-Shatshit, de Uashat… C’est à Musquaro que se rencontraient les Innus. Il y avait une église qui ressemblait à notre église. C’est John Maloney qui l'avait construite et c’est mon grand-père Jos Mollen qui l'avait aidé. Ils ont défait tout l’église pour la ramener et la reconstruire sur leur territoire, ils l’ont finalement juste démonté sans jamais pouvoir la reconstruire. Il y avait aussi un cimetière. Le marchand de Musquaro aurait entretenu l’église et le cimetière, il devait être riche de toute évidence, ce marchand. Il y a plusieurs Innus qui sont enterrés dans ce cimetière dont mon grand-père Jos Mollen.
Quand les Innus tuaient un ours, ils étaient contents car l’ours peut servir à différents usages; toutes les parties sont utilisables. Quand ils tuaient un ours, les Innus avaient du gras pour une année. Sa viande est bonne et la peau est aussi très chaude. L’ours est très intelligent, il comprend quand on lui parle mais il y a une façon spéciale de s’adresser à lui.
Ben Mckenzie parle du lac Matshi-nipi, le lac où sont plantées des centaines de perches de canot. C’est à cet endroit qu’on quitte la province de Québec pour entrer dans celle de Terre-Neuve-et-Labrador en suivant les portages. Il dit qu’il est important de montrer du respect pour la perche qui nous a amenés jusque-là.
Deux jeunes adolescents qui sont très amis, ils sont toujours ensemble même à la chasse durant l’automne. L’un d’eux sent quelque chose dans son corps, comme un malaise, une peur. À l’automne, ils partent rejoindre la parenté. Le gars raconte à sa sœur qu’il sent venir quelque chose, qu’il y aura beaucoup de gens qui vont venir les trouver. On ne les croit pas. Tous les gens se font attaquer par les Matshinnuat. Les deux jeunes s’enfuient sur le lac, ils grimpent sur une épinette blanche, pour qu’on ne voie pas les traces de pas. Les méchants avaient un chien, qui aurait pu japper en sentant leur présence, mais ils le tuent. Après cela les jeunes repartent et vont rejoindre d’autres Innus et racontent ce qu’ils ont vu. Beaucoup d’Innus ont tous été tués, racontent-ils.
Il y avait des personnages qui habitaient l’intérieur des terres. Les Innus sentaient parfois leur présence, sans les voir. Ces personnages voulaient faire peur aux Innus. Les aînés disaient que c’était des déserteurs qui fuyaient la guerre. C’est comme deux jeunes de Longue-Pointe qui se sont enfuis à l’intérieur des terres. Ils avaient été retrouvés morts. Ils avaient écrit un journal de leur séjour. L’un d’eux s’était blessé aux pieds et l’autre était malade.
Kaianuet veut tuer Meminitaieu, l’ogre qui tue les innus quand ils sont dans les terres. Partie 1: Kaianuet monte dans les terres avec sa femme et son beau-père dans l’intention d’aller tuer Meminitaieu, l’ogre. Il se rend à un lac pour tuer des castor et c’est là que Meminitaieu le rejoint.
Kaianuet veut tuer Meminitaieu, l’ogre qui tue les innus quand ils sont dans les terres. Partie 2: Kaianuet trompe Meminitaieu et ses fils et arrive à les tuer.
Cette légende raconte l’histoire de Memintaieu, un être méprisable qui mangeait mal (qui était cannibal), qui tuait tout le monde. Un autre personnage, le gendre de Kashess va partir en guerre contre lui, il est rusé et veut se venger. Il participe à une partie de chasse au castor avec lui. Il fait semblant d’avoir froid et s’en retourne chez lui. Memintaieu pense qu’il a le dessus, mais le gendre rusé a plus d’un tour dans son sac. Il va traquer Memintaieu jusqu’à la fin, jusqu’à ce qu’il puisse le tuer, lui et tous les siens.
Son mari avait tué plusieurs gibiers, elle lui dit alors d’aller en donner à sa mère. Il refuse d'y aller, dit-elle. Alors elle lui dit, tu ne manqueras jamais de rien (le matériel), ce qui va te manquer en premier c’est ta chasse. Lorsqu’il est tombé malade, il se rappelait de ces paroles, comme tu m’avais dit Marie-Ange! C’est ce qui arrive, il ne chassait plus. Elle l'encourage, lui disant qu'il va retourner un jour chasser comme au bon vieux temps.
Madame Mckenzie raconte qu’elle a vu beaucoup de choses au cours de sa vie, des choses parfois difficiles comme des famines. Elle dit qu’il y avait des périodes où on ne pouvait rien tuer.
Monique Mckenzie raconte l’histoire de la grande Philomène. Son neveu lui a proposé d’aller en visite à Uashat, il lui dit qu’il allait la ramener par la suite. La grande Philomène partait avant les autres et arrivait au campement longtemps après les autres. Souvent, les hommes la transportaient sur un toboggan.
On devait travailler très fort tout le temps, tout le monde travaillait fort. Et moi, maintenant cela fait presque sept ans que je ne peux plus rien faire, rester assis, manger, seulement cela. Avant quand j’étais à l’intérieur des terres, ce n’était pas ainsi, je me promenais beaucoup dans le territoire, j’allais très loin. Il faisait nuit noire quand je rentrais parfois. Et je n’ai jamais senti la présence de quelqu’un. Une fois, je suis tombé en bas d’une falaise parce qu’il faisait très noir, j’étais avec mon frère aîné Michel, on rentrait chacun à son campement. On ne voyait rien tellement, il fait noir.
Les garçons sont très fiers d’aller à l’intérieur des terres, ils aiment beaucoup quand ils sont dans le bois. Même si c’est proche, pas très loin, ils se sentent déjà bien là. Il faut prendre soin des enfants, des jeunes, pour qu’ils ne pensent pas qu’à faire le mal.
Le frère de Marie Mckenzie, Napessish, était un très bon chasseur. Il tuait beaucoup de gibier de toute sorte et beaucoup de poissons. Pour le reste de la nourriture comme la farine, son père et ses frères devaient partir en chercher quand ils en manquaient.
Autrefois, les Innus faisaient beaucoup d’argent avec le produit de leur chasse. Ils pouvaient se bâtir une maison avec l’argent de la vente des fourrures.
Autrefois l'Innu pratiquait la divination par l'observation d'omoplate de porc épic, de lièvre pour voir les actions futures. Cela a changé au fil du temps, ce n'est plus pratiqué de nos jours.