Il faut que les parents parlent innu à leurs enfants dès leur jeune âge, avant qu’ils aillent à l’école. Il est aussi important qu’ils mangent de la nourriture traditionnelle. Il faudrait qu’il y ait une maison où des enseignants qui parlent parfaitement innu puissent enseigner la langue et la culture innue aux enfants.
Les croyances d’autrefois, ce qu’il fallait surveiller dans nos agissements à l’intérieur des terres. Par exemple, on ne peut pas regarder qui arrive quand on est dans la tente, il pourrait nous lancer des projectiles, autre chose, on ne doit jamais mettre nos raquettes à l’intérieur de la tente. Il faudrait parler de cela aux jeunes. Pour les chasseurs, il doit faire attention à sa capacité de chasser, il ne doit pas se vanter, il pourrait ne plus voir les indices pour trouver l’animal à chasser. C’est celui qui est le maître qui fait cela, Papakassikw qui est le caribou. Missinakw, c’est le maître des poissons. Celui qui est le maître, c’est lui qui surveille tout.
Je laisserais tout aux jeunes et aux enfants, je ne suis pas avare de mes richesses. Je n’ai jamais eu que l’éducation que ma grand-mère me donnait. J’aimerais que les enfants conservent les activités que faisaient leur grand-mère et leur grand-père. Autrefois, les enfants avaient tous des enseignements et la femme travaillait comme un homme. Maintenant, on devrait aussi apprendre aux filles à lacer des raquettes, faire des mocassins et à veiller sur leurs enfants. C’est depuis qu’on vit sur la communauté que les enfants sont différents que l’on vit différemment.
Il faut dire aux jeunes les choses importantes qu’ils doivent savoir s’il se passe quelque chose : famine, maladie. On ébranchait des arbres qu’on plantait par la suite d’une certaine manière, c’était des signes qui étaient laissés, des messages pour qu’on sache ce qui se passait, ce qu’ils avaient.
On devrait pouvoir apprendre plusieurs choses aux jeunes, c’est ce qu’on faisait dans le temps, comment ils allaient travailler à l’intérieur de terre, dans sa maison, comment utiliser les objets comme le canot (les voyages), la température, etc. Ils doivent toujours avoir la prière. Les garçons devraient apprendre à faire des raquettes, des canots, des rames, des tobaganes. Et les filles devraient apprendre à lacer les raquettes, à faire à manger, à changer le sapinage dans la tente. Autrefois, on lui parlait de tout, de la façon de travailler. Ce qui est le plus à respecter, c’est le caribou : comment apprêter la peau, le fœtus. On faisait attention à tout, on respectait tout.
On pourrait apprendre aux enfants la langue innue et la culture, surtout à la pratiquer, comme fait un jeune qui travaille avec un aîné. On pourrait leur apprendre à nettoyer la peau de caribou. Ils pourraient ainsi faire des mocassins. On en faisait en caribou et en loup-marin.
Il faudrait se dévouer pour notre enfant, surtout quand il va à l’école pour qu’il s’engage à fond dans ses études. Si on ne s’en soucie pas, il ne va pas trouver important de réussir ses études. Il faut qu’il ait toujours à manger pour qu’il sache qu’on le trouve important. Plusieurs aînés m’ont dit de toujours prendre bien soin de mes enfants, de les surveiller, pourtant ce sont des étrangers.
Il y avait souvent un aîné dans le groupe qui guidait et qui était d’une aide précieuse au campement, il faisait la chasse. Mon grand-père tuait le lièvre avec un piège. La peau de lièvre nous servait pour nous couvrir lorsque nous avions froid. Pour sa part, ma grand-mère nous cousait nos habits.
Paul-Arthur raconte qu’autrefois, les Innus étaient très affectueux et protecteurs envers tous les enfants. Ils aidaient et protégeaient les enfants sans faire de distinction.
Je souhaite vraiment qu’on puisse parler aux jeunes de ce qu’il y a à faire à l’intérieur des terres : la façon de travailler, les habits qu’ils avaient. Il faut montrer tout ce qu’il faut aux jeunes : sur la façon d’arranger les animaux. Il n’y a plus personne pour faire des formations.
Jos Dominique parle de la vie dans la réserve d’Uashat autrefois. L’entrée de la réserve était interdite aux Blancs. Seuls quelques non autochtones avaient le droit d’y entrer.
Un historique de la communauté innue de Uashat bien avant la fondation de la ville de Sept-Îles. Madame Clara Jourdain relate ce qui s’est passé dans ce temps-là. Il n’y avait que des Innus qui demeuraient à cet endroit et y construisaient des maisons. Un jour, un fonctionnaire du gouvernement est venu informer les Innus de Uashat qu’ils devaient déménager à Mani-Utenam. Madame Jourdain puise dans ses souvenirs et les récits de son grand-père, pour relater ce qui se passait à cette époque, et comment on vivait.
Marie-Louise est née à Minaikᵘ, dans le territoire à Pessamit. Elle est la dernière d’une famille de sept enfants, dont six garçons. Elle a déménagé à Mani-utenam après son mariage et a élevé neuf enfants avec son mari.
Native de Schefferville, Marie Mckenzie a aujourd'hui 89 ans. Elle s’est mariée deux fois et a eu cinq enfants. Son nom de jeune fille est Marie Aster. Son père s’appelait Pierre Aster et sa mère Philomène Kenikuen. Elle a deux frères et une sœur plus âgés et une jeune sœur et un jeune frère.
Marie-Ange Malec est née à l'intérieur des terres à Nutashkuan, à Pitapeu. Elle a été élevée par sa grand-mère, elle était très petite lorsque sa mère est décédée. Elle a été mariée deux fois et a eu huit enfants. Très jeune elle a vécu quelque temps chez ses grands-parents à Ekuanitshit.
Paul-Arthur est né en 1937 en forêt près de Sept-Îles, à Mitushapeu-paushtikut d’où son surnom, Mitushapeu, qui lui a été donné par son grand-père. Il a épousé Monique Dominique. Ils ont eu deux enfants.
Hélène Nolin est née à l’intérieur des terres, au nord de Nutashkuan, le 5 octobre 1931. En 1948, elle a épousé Jérôme Mollen et ils ont eu 16 enfants, 10 garçons et 6 filles. Ils furent mariés plus de 62 ans. Elle a 41 petits-enfants et 80 arrière-petits-enfants. Aujourd’hui, elle est la doyenne de Ekuanitshit. Elle est en très bonne santé et est encore très active dans la communauté. Elle fait de l’artisanat, des mocassins et raconte des légendes.
Marie Desanges Élisabeth St-Onge est née à Chute-aux-Outardes, près de Pessamit en 1947. Elle est âgée de 69 ans. Elle a grandi dans le territoire avec ses parents Côme St-Onge et Monique Labbé-Desterres. Elle a eu un frère et une sœur qui sont décédés jeunes. Marie Desanges a deux enfants.
Jérôme Bellefleur vient d'Unaman-shipit. En 2009, lorsqu'il est venu raconter des légendes et des récits à Uashat, il avait 81 ans. C'est un très bon conteur. Il connaît les légendes et les raconte merveilleusement bien.
Je m’appelle Raphaël Mollen, j’ai 80 ans. J’ai été marié et j’ai eu 5 enfants et j’ai des petits-enfants. Je ne sais pas quelles sont mes origines, les Mollen. Je sais que mon père et mon oncle Antoine arrivaient de Pakut-shipu et de Unaman-shipu. Je ne sais pas d’où venait mon grand-père Jos Mullen, un Anglais, peut-être de Tshishe-shatshit ou de Terre-Neuve. Mon père se nommait Sylvestre, quant à ma mère Marguerite, elle venait de Mingan. Je suis né au Lac Manitou proche de Mingan. J’avais 12 frères et sœurs.
C’est le père et la mère qui s’occupaient de marier leurs enfants. Le prêtre était là qu’une fois par année là-bas à Musquaro. Maintenant, ce n’est plus pareil, cela n’a plus la même importance. Il arrive que des personnes soient des parents proches et forment un couple. Il y a un prêtre mais de moins en moins de gens prient.
J’ai entendu parler des personnages furtifs de l’intérieur des terres, mais je n’ai jamais eu de contact avec eux. Il arrive dès fois que tu ressentes des choses, c’est un signe qu’il arrivera quelque chose, tout peut être ressenti. Quand tu entends des choses c’est qu’il arrivera quelque chose. C’est sa capacité de chasse dit-on d’un chasseur, qui l’informe sur le futur, ce n'est pas la magie, la sorcellerie.